En sortant de Toronto, direction Niagara par la QEW, une
belle autoroute typiquement nord-américaine qui traverse cette partie
véritablement belle du sud de l'Ontario. Des petites collines verdoyantes
tombant sur une bande de plaine jusqu'au bord du lac Ontario, l'autoroute
conduit tout droit vers la frontière US.
En arrivant sur le versant sud du lac, on entre dans une
région viticole largement annoncée par les nombreux panneaux routiers pointant
les domaines locaux.
Du vin de Niagara ? Ah ouai ? Ok faut voir...
La première impression de la culture locale en matière de
vin nous laisse un peu dubitatif. Ca sent le « business », un peu
trop même. La quantité de parcelles au fil de la route à de quoi soulever ici
une question légitime : la chute du marché agricole traditionnel local
n’a-t-il pas poussé les agriculteurs à le remplacer par la très porteuse
filière viticole ? Et au risque de voir un peu tout et n’importe quoi être
fait au prétexte de la rentabilité, il est clair que les investisseurs financiers
s’en donnent à cœur joie dans la région. Les batiments sont tous plus neufs
(voir en chantier) et exhubérants les uns que les autres, de prime abords cela manque un poil d'âme et d'histoire. Mais ne
préjugeons pas et laissons venir une curiosité attisée par des noms de domaine
plutôt inhabituels. Pour exemple, arrêt obligatoire chez "Organised Crime
Winery", irrésistible. On pourrait presque lire "Attention, si vous
n'aimez pas notre vin, vous finissez dans un coffre de voiture !".
"Organised Crime Winery" |
Malheureusement le domaine est fermé, pour "affaires urgentes"
surement, du coup on reprend la route et on s'arrête au hasard chez un petit
domaine plutot cossu, au bord d'un vignoble cerné d'une somptueuse forêt :
"Hidden Bench".
Porte ouverte, intérieur bois et matériaux nobles, une
jeune étudiante en oenologie nous accueille et nous sert un speech bien préparé
mais pas dénué de passion. L’entrée en matière est plutôt agréable, alors
allons-y pour un aperçu des arômes locaux... et nous ne serons pas déçus, car
la barre est placée très haut.
Visite chez Hidden Bench |
Tant en blanc qu'en rouge, les vins sont de haute volée.
Travaillés "à la française", ils offrent malgré tout une typicité de
terroir bien locale en démontrant un savoir-faire plus épanoui qu'au Québec.
Les blancs donnent par exemple un chardonnay très ample et puissant, d’une belle minéralité qui équilibre un beau
gras, à l'image de la cuvée "Felseck Vineyard" 2012, du nom de cette
parcelle bien exposée au soleil en contrebas du domaine, qui donne un blanc fleuri
de très bonne table.
Les rouges quant à eux offrent 4 cuvées bien
progressives, d'une entrée de gamme fruitée typée Syrah sud-Rhône, jusqu’à une
tête de cuvée puissante, tannique, au fruit presque confit, qu’on rapprocherai
plus d’un travail à la bordelaise. Un résultat plutôt étonnant pour des ceps
qualifiés de « vieilles vignes » avec à peine 20 ans de
croissance !
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En une petite heure, nous sommes finalement ressortis
ravis tant l’échantillonnage était ici de belle valeur. Un beau domaine, de
beaux vins déjà bien élevés, avec une belle marge de progression. Si le
niveau global des autres domaines de la région est identique, ça promet de
belles surprises.
Alors certes l’habitude locale de faire payer la
dégustation est dérangeante, certes le vieillissement des cuvées n’est pas
encore tout à fait prévisible, mais l’enthousiasme est bien présent. Le Canada
a encore du travail à faire mais il semblerai qu’on puisse compter sur la
passion et l’approche très professionnelles de ses représentants pour donner un
beau pays du vin d’ici quelques années. Pour le moment on y trouve de tout et
de n’importe quoi, mais c’est de là que partent les meilleurs découvertes. A
essayer !
Découvrez Hidden Bench