dimanche 14 décembre 2014

Contrade di Taurasi "Grecomusc" 2011 : l'or liquide d'italie!

L'Italie cache d'innombrables trésors pour un amateur de vin débutant comme moi. Un pays aussi riche que la France en cépages, typicités régionales et culture du métier de vigneron. Comment ne pas aimer y promener ses papilles quant autant de choses sont à découvrir?...
Car derrière les classiques Néro d'Avola siciliens et autres Amarones vénitiens, il y a des petits secrets accessibles aux seuls voyageurs et autres aventuriers gastronomes, comme ce Grecomusc'. 

Tiré du Greco, un cépage blanc autochtone de la Campanie en région de Naples, cette minuscule cuvée régionale est produite par le domaine Contrade di Taurasi, et se résume en deux mots : pure merveille. 

Grecomusc', ce sont de vieilles vignes qui donnent un oeil jaune or intense et lumineux avec de légers reflets rosés. Le nez, comment dire... quel nez ! Riche, c'est une explosion de fleurs blanches grasses, un nez presque entêtant au point qu'on pourrait attendre une bouche un poil écoeurante. Mais non, même pas. Equilibrée, elle se révèle ample et solaire, d'une aromatique puissante aérée par une jolie acidité, avec un petit arrière gout d'amandes fraiches. Le tout sur un gras fin et une très belle longueur persistante...
Complexe, intense et équilibré, il s'agit là d'un vin de belle table. Une liqueur exclusive et rare qui ouvre une bien jolie fenêtre sur l'Italie du Sud. A découvrir absolument.

Merci au patron de l'excellente Osteria Valenti à Lyon 4 pour m'avoir fait découvrir cette petite merveille italienne. 

Grecomusc' 2011 - Contrade di Taurasi


dimanche 5 octobre 2014

"Le Carignan" 1998 - Domaine d'Aupilhac

C'est injuste, mais il y a parfois des appellations ou des régions qui subissent leur histoire, et qui trainent une réputation pourtant à l'opposé de l'actualité gustative de leurs vins. Si il y a une région viticole dont la réputation renait de ses cendres depuis quelques années, c'est bien le Languedoc. Vaste région historiquement vignerone, mais à la réputation de vins rustres et sans finesse, qui révèle pourtant de véritable trésors.
La semaine dernière en déplacement sur Montpellier, je me suis senti attiré par une petite route au Nord, qui monte vers le Larzac, et je découvre à Montpeyroux le Domaine d'Aupilhac.
Inconnu à mes oreilles, le domaine n'est est pas moins une référence, et pas que locale. Sylvain Fadat son propriétaire est en effet réputé pour la grande qualité de sa gamme, et reconnu bien au-delà de la région comme un spécialiste du cépage Carignan. 

Carignan dites-vous ? Eh bien soit, après dégustation fort sympathique de la gamme (superbe série des "Cocalières" !), j'arrête mon choix sur l'achat d'un "Le Carignan", 100% Carignan évidemment, de 1998. S'il faut en gouter un, ce sera celui-là.
Bouteille ouverte 1 heure avant dégustation, et là, comment dire... 
J'aime le Carignan. Pas facile à rendre à sa juste valeur, il donne des vins un peu fous, assez tanniques et épicés, que je suis habitué à boire jeunes. 
Mais là, avec 16 ans en cave, ce Carignan devient mature en gommant ses péchés de jeunesse. Son nez est élégant, d'une grande profondeur, sur des petit fruits noirs. La bouche est ample, puissante mais aérienne, sans tannins astringents, fondus dans l'age. Superbement veloutés, les arômes sont cuir et pruneau, avec une souplesse qui équilibre comme rarement la charpente et le fruit, le tout maintenu en bouche dans une longueur folle.
Ce magnifique Carignan bien vieillit dévoile l'immense talent du domaine, et devient une référence pour ma part. Excellent si ce n'est exceptionnel ! 


http://www.aupilhac.com/

mercredi 28 mai 2014

"Aberra" de John Schmitt : Attention OVNI

Vin nature... Pfff encore un snobisme, un caprice de parisien en mal d'aventure. Malgré les critiques faciles sur le côté "branché" des vins natures, je ne suis jamais contre de nouvelles découvertes. Et bien que dans mon petit restaurant parisien préféré du 11eme la Cave Fervere, le patron Olivier me donne bien des plaisirs viticoles par ses efforts à découvrir des liqueurs improbables, il est arrivé que je lui renvoi vertement une bouteille de ces vins bios élevés sans sulfites. Et oui, les vins naturels, c'est comme l'art, tout n'est pas beau, l'amour est question de gout. 

Mais là, devant un magnifique boeuf façon bourgignon revisité, voilà qu'on me verse cet "Aberra", vin nature d'un certain John Schmitt, produit dans un coin reculé du Languedoc, qui sort en appellation Vin de France. Obscur vous dites ? 
Oui et pourtant je reviens sur mes à-prioris : un vin animal, d'un rouge grenat sombre et dense, au nez de terre et la bouche ample, charpentée et poivrée, puissante et d'une longueur interminable. C'est un 2012, mais si le bougre exprime déjà une maturité certes un poil brutale, c'est une main de fer dans un gant de velour. Dans ce vin rustique mais irrésistible, la Syrah se mélange au Lledoner Pelut, un cépage espagnol typiquement ibérique, et on sent ici que les deux races donnent un métissage gustatif explosif. 
Amateurs de rouge transparents d'apéros passez votre chemin, "Aberra" se boit en mangeant du solide, du très solide !

Une bouteille OVNI, étrange, indispensable, dont je veux absolument me procurer un 2eme exemplaire. 19€ à la Cave Fervere, Paris 11eme.

dimanche 16 mars 2014

La "Mise en bouche" : Crozes-Hermitage 2009 d'Emmanuel Darnaud

Il y a parfois des claques qui se perdent, certaines sont méritées, et certaines ont un petit gout de "reviens-y" : la claque de ce soir c'est le Crozes-Hermitage "Mise en Bouche" 2009 produit par Emmanuel Darnaud.

J'adore la Syrah, qui produite sur les côtes nord du Rhône donne ce fruit poivré si particulier. Evidemment le talent du vigneron y est pour beaucoup et comme partout certains sont meilleurs que d'autres. Sur Crozes il y en a pour tous les gouts, mais la typicité de l'appellation est bien définie et reconnaissable. 

C'est donc hier soir sur une souri d'agneau que le patron du Cirque à Cannes me sort cette bouteille "Mise en Bouche" 2009, dont la couleur et le nez au goulot déjà fumé me mettent l'eau à la bouche. Il y a quelque chose de plus qu'à l'habitude, quelque chose de plus dense, complexe, fondu...
Je goute et là, la claque. Non seulement c'est un Crozes, avec ce fruit gourmand et frais, mais en plus j'avais rarement senti autant de "terre" dans ces vins. Une charpente virile mais élégante, une ampleur vineuse en bouche qui lui donne une belle richesse et de la matière, un "lard" puissant et fumé qui n'enlève rien à la fraicheur du vin, et ce terroir... Il se fait sentir plus qu'ailleurs dans une longueur noyautée interminable. Un pur nectar, complexe et puissant, une valeur sure qu'il faut avoir absolument. Je ne sais pas comment vieillira cette année 2009, mais assurément ce vin est travaillé avec excellence, je ne doute donc pas de son futur en cave. 
A découvrir absolument ! 

PS : Pensée pour mon jeune ami Norman Berrut, grand découvreur de belles bouteilles disparu il y a bientôt 2 ans. Celle-ci fut pour toi mon jeune ami, repose en paix...

vendredi 28 février 2014

Lynch-Bages : les autres vins...

Bordeaux. Déjà je n'y connais rien, mais en plus le système de classification 1855 me semble d'un archaïsme snobinard qui ne sert pas la région, des tarifs souvent élitistes pour des vins trop surs d'eux, de fréquentes mauvaises surprises derrière des étiquettes flatteuses, bref j'avoue ne pas partir sur un avis favorable concernant les jus bordelais. 
Alors ne soyons pas trop juge, fermons les yeux et ouvrons la bouche. 
Il est certain que certains des meilleurs vins au monde sont des Bordeaux, et bien que tout cela soit une question de gout, mon palais novice ne peut s'arrêter à quelques mauvaises rencontres avec le bordelais dans des restaurants douteux. 
Comme partout, les bons subissent l'influence des mauvais. Alors essayons de nous faire guider vers de nobles nectars bordelais, et pourquoi ne pas commencer par une signature aussi prestigieuse qu'efficace : les productions Jean Michel Cazes.

Ce soir RDV au club d'amateurs de vins Millésime 96 à Cannes, lancé cette année par Marc Berrut, grand amateur de vins et propriétaire de l'incontournable restaurant "La Cave" à Cannes. "Allez Olive, viens gouter ces merveilles..." 
Et c'est parti pour la découverte de deux vins "made in" JMC : Pauillac 2010, 3eme vin de Lynch-Bages pour démarrer, et Chateau Cordellian-Bages 2010 tout en haut de la gamme.

Alors je ne vais pas faire un exposé gustatif bien trop complexe pour moi, simplement :

Pauillac 2010 3eme vin de Lynch-Bages : nez fruité un peu confit, belle charpente en bouche, un poil robuste par son jeune age, belle longueur. Un vin puissant, à boire de suite ou faire vieillir, superbe découverte en Pauillac. Avec une bouteille sous les 35€, pour moi c'est réconciliation directe avec les Bordeaux. 

Chateau Cordeillan-Bages 2010 : situé juste en face des parcelles Lynch-Bages, celui-là semble être largement à la hauteur de son demi homonyme. Un très grand Pauillac, un nez plein et gourmand, une bouche ample, charpentée et complexe sur un cuir d'une élégance masculine, avec une finale interminable et soyeuse, soyeuse... Je dis oui !... mais bon il faut attendre. Celle là est belle à gouter, mais il faut se forcer à l'enterrer. Alors on attendra, pour ce genre de grand nectar je suis prêt à être patient.
Bien sur le tarif n'est plus du même ordre, mais malgré tout un très bon RQP selon moi.

Allez merci Marco, merci mr Cazes, une caisse de chaque dans la cave, c'est un beau retour en bordelais !